Co-auteur d’un rapport sur l’impact de l’aviation sur le climat, nous avons rencontré Florian Simatos à Toulouse. L’enseignant-chercheur à l’ISA-Supaero se dit « extrêmement inquiet » pour la planète. Ce rapport confirme bien que le secteur aérien représente entre 2 et 3% des émissions mondiales de CO2, mais aussi qu’il participe à hauteur de 5% à 6% au réchauffement climatique. Si l’on considère l’ensemble des effets (CO2 et non-CO2), l’aviation commerciale a représenté 5,1 % de l’impact climatique sur la période 2000-2018.
Mais l’aviation est loin d’être le seul secteur responsable.
Pour tenir les engagements de l’Accord de Paris, de limiter le réchauffement climatique à 1,5°, il faudrait en effet réduire nos émissions globales, tous secteurs confondus, de 50% en dix ans mais nous n’en prenons vraiment pas le chemin. Selon le chercheur, les solutions technologiques à venir dans l’aérien et dans toutes les activités émettrices de CO2 ne suffiront pas à atteindre cet objectif même si des solutions de rupture permettent d’envisager un avion bas-carbone d'ici 2050.
Un autre levier serait celui de la sobriété à savoir une réduction de l'offre.
Les limites sur la capacité du secteur aérien à diminuer rapidement ses émissions de CO2 impliquent que, si le trafic croît au rythme envisagé par l’industrie aéronautique, alors il consommera une part plus importante du budget carbone que sa part actuelle des émissions, nécessitant ainsi que d’autres secteurs d’activité réduisent leurs émissions plus rapidement que la moyenne. La décarbonation des carburants pour l’aviation pourrait être limitée par la disponibilité en ressources énergétiques bas-carbone. Leur utilisation massive pourrait alors entraîner un déplacement de problème environnemental, notamment lié à l’usage des sols.
Ce rapport ne prend pas parti. Il participe au débat public sur ces questions de transition énergétique, en particulier du secteur aérien.