Bloqué au sommet des montagnes alpines
Thio Christian est un parapentiste expérimenté qui effectue des sorties en tandem professionnelles à Locarno. Vous pouvez consulter son historique de vol. En 2015, au cours de la saison de cross-country dans le sud des Alpes, il a réalisé l'importance d'un dispositif de communication satellite :
Un beau jour de printemps, je me suis mis en route pour un vol de cross-country près de Bellinzone avec quatre autres pilotes. Les conditions météorologiques étaient bonnes, avec un peu de vent d'ouest, ce qui compliquait de temps à autre l'utilisation des courants ascendants.
Après un vol direct d'est en ouest de 67 km, nous nous sommes tournés vers l'Italie, à proximité des Alpes pennines dans le val Bognanco. Cette nouvelle route nous a emmenés vers le nord-est et vers la Suisse. Au nord, les conditions de vol étaient bien meilleures. Un vrai bonheur !
Près d'Airolo, j'ai parcouru 45 km avant de virer vers le sud-est. Cela faisait cinq heures que j'étais en l'air, et j'avais perdu de vue tous mes compagnons. Mais c'est tout à fait normal dans un vol de cross-country : vous volez souvent seul, car les autres prennent des décisions de vol différentes et choisissent des itinéraires alternatifs.
150 km plus tard, je surfais sur les courants ascendants au-dessus du Cima Bianca, une montagne haute de 2 612 m dans le val Verzasca. Je suis passé à 20 m au-dessus du sommet avant de me diriger vers le nord, vers Poncione Croara, à 2 574 m. J'ai fait à ce moment-là une manœuvre particulièrement stupide et dangereuse trop près du sol, dans l'espoir de contourner des formations rocheuses sans perdre trop d'altitude.
J'étais au versant sous le vent du Cima Bianca, quand le vent a envoyé mon harnais frapper les rochers. Comme toujours lors des impacts à 30 km/h en plein vol, j'ai complètement perdu l'équilibre et fait plusieurs culbutes sur la roche. C'était très raide, et ça a fait très mal.
J'ai chuté de 40 m en 10 secondes avant de terminer miraculeusement sur de la neige en dégel, et je ne me suis rien cassé.
Avec le recul c'est assez fou, mais la première chose que j'ai faite a été de presser le bouton OK de mon SPOT satellite messenger en sachant que mes amis au sol suivaient mon vol en ligne.
Quelques secondes plus tard, je me suis réellement rendu compte de la réalité de ma situation. L'endroit était dangereux, mon parapente et mon harnais étaient endommagés, je n'avais pas de téléphone portable et ma radio était cassée.
Je n'arrivais toujours pas à croire que je ne m'étais pas sérieusement blessé ! Mais tenter de descendre seul était bien trop dangereux. Je savais que je devais appeler les secours, j'ai donc soulevé la protection de mon SPOT et j'ai appuyé sur le bouton SOS.
Je n'étais pas inquiet, car j'ai l'habitude de vérifier régulièrement les voyants de mon SPOT et j'avais changé ses piles récemment.
Je me suis déplacé vers un endroit plus sûr, car le risque de glissement de neige ou même d'avalanche était important. Le temps passait, et je dois admettre qu'après une demi-heure d'attente, j'ai commencé à douter que le système de sauvetage ait fonctionné. Je devais faire preuve de patience.
Une heure après avoir lancé mon signal de détresse, j'ai entendu le bruit d'un hélicoptère qui s'approchait. L'hélicoptère de la REGA est passé tout près de moi pour évaluer la situation, mais l'équipage s'est vite rendu compte qu'il n'était pas question de pouvoir se poser. Ils ont donc été forcés de me récupérer avec leur câble, et j'ai dû laisser mon harnais et mon parapente derrière moi. Il était presque 19h15 heure locale, mais j'étais en sécurité.
Lien vers ce vol (pour des raisons de confidentialité, le lieu de l'accident est supprimé du suivi) :
http://www.xcontest.org/world/en/flights/detail:ThiO/24.4.2015/08:59