Belle surprise en Juin 2010 quand je reçois des nouvelles de mon ami Patrick qui vit à Guanaqueros, prés de Coquimbo au Chili. Elles sont accompagnées d'une invitation pour 5 semaines cet automne à Chos Malal, dans la partie nord de la province de Neuquen.
Nous volerons avec le Nimbus 3 DM dont il est l'heureux copropriétaire avec Ramon.

Avec l'assentiment de mon épouse, je donne mon accord aprés avoir «  négocié » 3 jours pour aller à la pêche à la truite et chercher des fossiles et cailloux.

C'est ainsi que je me trouve le vendredi 5 Novembre à Cordoba oû Ramon vient me chercher à l'aéroport.

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Le lendemain se passe sous la pluie. Je fais connaisance de la petite équipe: Cholo , pilote de l'IS28B2  de l'aéroclub de Général Rocca et  détenteur du record du monde de vitesse sur circuit de 100km en triangle (  249.09 km/h ) sur  Jantar Standard, d'un autre membre de ce club, de Paco notre jeune pilote remorqueur qui a convoyé l'avion de Cordoba. Ils m'initie au cérémonial bien sympathique du « maté » ( genre de tisane que l'on boit avec une paille spéciale, à tour de rôle).
Le surlendemain, il fait beau mais tous les alentours sont enneigés. Nous remontons le Nimbus.


Patrick et Mireille nous rejoignent aprés un voyage de 2 jours en voiture.  Puis Raoul avec un Piwi, Diego et quelques autres pilotes.

Puis les jours suivants, nous commençons nos vols. Je découvre la région : d'abord la piste ( 12/30, 1500m) qui est à l'ouest du Rio Neuquen et juste à l'ouest de la fameuse route, N40, le volcan Tromen ( 4010m) dont le sommet se trouve à environ 37 km du terrain, magnifique mais qu'il faut savoir négocier pour ne pas sortir du local du terrain; puis le Domuyo ( volcan de 4700m, 90 km plein Nord du terrain), situé à l'extrémité nord de La Cordillera del Viento, qui génère une excellente onde par vent d'ouest-nord/ouest( situation très fréquente ) ce qui fait le bonheur des vélivoles de Chos Malal.;  Le Mayal et Le Cacayen, tous les deux en local ( 20 et 24 km) se situent de part et d'autres du Rio Neuquen.

          C'est ainsi que, hors jours de grand vent, nous volons d'abord en thermiques puis très souvent, nous accrochons une petite onde,sous le vent de la Cordillera Del viento, entre 3500 et 4000m avec des varios entre 1,5 et 3,5 m/s. Nous arrêtons d'ordinaire volontairement vers 6000/7000m.

Une surprise, la brise est ici descendante !!! Oui , elle descend avec le Rio Neuquen. Cela s'expliquerait par les les régions surchauffées à l'Est qui tirent cette brise. Quand elle se combine avec un petit gradiant d'Ouest, il est fréquent de se poser en fin d'aprés-midi avec un vent de 25 à 35 kt, heureusement en général du 270° soit légèrement travers gauche . Il faut quand même s'en occuper! L'équipe est là pour assurer la réception, aider l'équipage,tenir la verrière et préparer le planeur pour le ramener au parking.

Ce qui frappe au début, en argentine, c'est la place . C'est immense !  La visibilité est en général excellente !

La région de Chos Malal ( Chosma, comme disent certains habitués)  est semi désertique. C'est un monde assez minéral et les paysages sont de toutes beauté .  j'aime beaucoup !

Cependant, c'est un milieu inhospitalier aux possibilités de « vaches » limitées. Surtout ne pas croire que les zones vertes que vous voyez, sont posables. Les seules possibilités , en dehors des pistes entretenues, sont d'anciennes pistes en terre, et certaines portions de route ou de piste routière, qu'il faut absolument vérifier avant de les porter sur les cartes ou dans les données GPS. Même les renseignements militaires, notamment les coordonnées géographiques, ne sont pas sûrs !

Les thermiques travaillent assez bien. En local immédiat du terrain, nous trouvons en général un plafond de 3 à 4000m et facilement le nécessaire avec 3 à 5 m/s mais il arrive parfois qu'il faille se contenter du 1 à 2 m/s et monter un peu avant d'être gourmand.

Pour l'accrochage de l'onde, nous n'avons pas le support d'une pente pour aider la transition ou pour revenir en cas d'insuccés. C'est une grande difference avec les Alpes du Sud .
Quand l'onde est bien établie, c'est grandiose ! Et il est courant d'essayer de ne pas trop monter ! Et pour cela de voler vite et de s'écarter des gros vario ! Pendant mon séjour, nous n'avons eu que quelques jours vraiment venteux. Mais je comprends mieux pourquoi certains vélivoles européens se donnent la peine de venir dans cette région.

Rares sont les vols sans utilisation d'oxygène. Au-dessus de 7000m, il est recommandé d'avoir un système d'oxygène en secours. La disposition d'un oxymètre est très utile et vous permet de contrôler votre « état ». Voir les excellents articles de spécialiste comme Jean-Marie Clément.

Nous terminions souvent nos vols par une visite du volcan Tromen qui est de toute beauté, particulièrement la partie sud/sud-est entre le sommet et Le négro du Tromen avec des couleurs incroyables. J'ai dénombré 4 anciennes « bouches » et de belles coulées de lave.Deux de ses grandes coulées de lave se sont arrêtées juste avant le lac. La coulée de droite fait une trentaine de mètre d'épaisseur. Impressionnant!!!


Nous décollions en mixte: derrière le remorqueur,  le moteur du planeur délivrant sa puissance. Aprés un grand tour de piste, nous larguions entre 500 et 800m sol. Le vent du gradiant ou synoptique est en général d'Ouest plus ou moins canalisé par les vallées dans les basses couches. Dans ces cas là, le décollage se fait en piste 30, c'est à dire un peu sous le vent du petit relief. En autonome, on se retrouve à une dizaine de mettre au-dessus du sol entre 100 et 105 km/h dans la turbulence avec un planeur de 25 mètres mou avec l'impossibilité d'accélérer en cas de dégueulante sous peine d'emballer le moteur et rien que le lit du rio en urgence : Ce qui veut dire que votre « santé » ne dépend que d'un moteur 2 temps plus ou moins bricolé. C'est franchement désagréable et sans avenir ! C'est pourquoi, aprés trois essai, nous avions décidé que nous ne méritions pas ce risque et de décoller en mixte.

Que dire de ce séjour: que si l'occasion se présente, je vous conseille de faire l'expérience d'un séjour en Argentine. Vous trouverez un accueil très chaleureux comme savent faire nos amis argentins, des paysages fabuleux et des conditions de vol aussi fabuleuses et tout ceci avec des températures agréables alors qu'en Europe, le froid sévit et que le soleil est souvent absent.
En montagne, les changements MTO peuvent être brutaux mais dans l'ensemble, la température était aux alentours de 30°.  A Cordoba, elle était plutôt vers 35/40°.

L'Argentine, c'est aussi un musée automobile de plein air ! Vous y verrez de multiples anciennes, des fois en parfait état, des fois roulant par miracle!  Mais le plus grand risque sur la route, sont les animaux. Et l'animal roi du pays, passant partout, est le cheval avec son gaucho.

Surtout, prenez le temps de découvrir la contrées. Pour les pêcheurs de truite, les amateurs de fossiles, de photo, de marche, et les vélivoles, c'est le paradis.  Les viandes sont très bonnes à condition qu'elles ne soient pas trop cuites! Notamment le Chivito ( petit cabri) ! Les vins sont aussi excellents.

Surtout, n'oubliez pas vos appareils photo ! Une petite couleuvre venant se réchauffer sur le parking prés du planeur, un tatou traversant la piste, des vanneaux cherchant des vers juste à la sortie de l'hotel, des vols de perroquets verts faisant un bruits assourdissant, de jolis charognards vélivolants, deux flamants roses arpentant les bordures des bancs de sable du Rio Neuquen, des cumulus, des lenticulaires superbes, des couchers de soleil seront de magifiques sujets.